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Comment adapter son alimentation lorsqu’on a un déficit en alpha-1 antitrypsine ?

Comment adapter son alimentation lorsqu’on a un déficit en alpha-1 antitrypsine ?

Lorsqu’on est atteint d’un déficit en alpha-1 antitrypsine (DAAT), adopter une alimentation équilibrée se révèle encore plus essentiel pour préserver la santé de ses poumons et de son foie, des organes généralement touchés par la maladie. L’équilibre alimentaire s’appuie sur quelques grands principes simples à mettre en place. Il ne faut cependant pas hésiter à faire appel à son médecin traitant ou à un nutritionniste pour établir un suivi spécifique à son cas.

ADAPTER SON ALIMENTATION

Le déficit en alpha-1 antitrypsine (DAAT) est une maladie héréditaire qui peut entraîner des manifestations hépatiques et pulmonaires. Chez un individu normal, la protéine AAT est synthétisée par le foie avant d’être libérée dans le sang, qui la transporte jusqu’aux poumons. Elle protège le tissu pulmonaire des lésions provoquées par une enzyme (l’élastase des neutrophiles), dont le rôle est de détruire les cellules endommagées et les bactéries. En temps normal, l’AAT empêche cette enzyme d’attaquer également les cellules pulmonaires saines.

Un DAAT apparaît lorsque la protéine alpha-1 antitrypsine se trouve en trop faible quantité dans le sang. Elle n’est alors pas en mesure d’empêcher l’élastase des neutrophiles de s’attaquer aux tissus sains. Les poumons s’en trouvent alors fragilisés et répondent mal aux agressions extérieures. Autre conséquence du DAAT : incapable d’éliminer l’alpha-1 antitrypsine dans la circulation sanguine, le foie est également exposé à un risque accru de maladies.

Pour les personnes souffrant d’un DAAT, l’un des moyens de prévenir la progression de la maladie consiste à adopter une alimentation qui aide à préserver les fonctions essentielles des poumons et du foie. 1, 2, 3

 

Maintenir un poids normal, essentiel pour les patients atteints d’un DAAT 3,5

Maintenir un poids normal est très important pour les personnes atteintes d’un DAAT : il ne faut être ni en surpoids, ni en insuffisance pondérale. L’idéal est d’avoir un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 18.5 et 25. Des mesures afin de différencier la masse grasse de la masse maigre – ce que l’IMC ne permet pas –, mais aussi la distribution graisseuse doivent être menées. L’obésité abdominale associée à une adiposité viscérale importante et à une inflammation systémique plus marquée est le plus directement associée aux maladies cardiovasculaires voire aux maladies respiratoires.

En cas d’obésité, la capacité pulmonaire se voit réduite. La graisse autour de la taille s'appuie contre le diaphragme, l’empêchant ainsi de fonctionner efficacement. En outre, l'obésité est associée aux maladies cardiaques, à l'hypertension artérielle et au diabète de type 2. Toutes ces conditions peuvent compliquer davantage les maladies pulmonaires et hépatiques associées au déficit en alpha-1 antitrypsine. À l’inverse, un poids insuffisant peut augmenter le risque de contracter des infections, y compris celles du système respiratoire.

Attention : il faut éviter de mener un régime drastique, caractérisé par une diminution majeure du nombre de calories ingérées quotidiennement. Bien qu’il donne lieu à une perte de poids, ce type d’alimentation peut avoir des effets néfastes sur la santé : perte de la masse musculaire et non de la graisse, ralentissement du métabolisme, carences nutritionnelles ou encore troubles psychologiques.

En cas de perte ou de prise de poids non voulue, il ne faut pas hésiter à se tourner vers un médecin nutritionniste qui proposera un suivi complet au patient, en fonction de ses besoins spécifiques.

 

Adopter un régime alimentaire riche en fruits, légumes et aliments complets 3,8

Un régime alimentaire particulièrement recommandé pour les personnes atteintes d’un déficit en alpha-1 antitrypsine doit observer les principes de la diète méditerranéenne et privilégier la cuisine faite maison. Ces règles d’hygiène alimentaire peuvent d’ailleurs s’appliquer à l’ensemble de la population.

L’alimentation quotidienne doit contenir en abondance des produits d’origine végétale, riches en fibres et glucides complexes : fruits et légumes, légumineuses (pois secs, lentilles, haricots, pois chiches, etc.), céréales complètes et graines oléagineuses. En effet, un bon apport en fibre permet de réduire l’inflammation des voies respiratoires et de faciliter le travail de détoxification imposé au foie.

Il est également recommandé de consommer des poissons gras contenant des oméga 3 et des fruits de mer, et dans une moindre mesure des oeufs, de la volaille et des produits laitiers.

Il convient également d’augmenter les acides gras polyinsaturés d’origine végétale présents dans les huiles d’olive et de colza, sources d’acides gras oméga-9 , oméga-6 et oméga-3.

Enfin, il faut veiller à s’hydrater suffisamment – le Ministère de la Santé recommande entre 1 et 1,5 litres par jour – pour favoriser le processus de circulation tout en gardant les poumons et le foie hydratés et prêts à éliminer les toxines indésirables.

 

Les comportements alimentaires à éviter pour rester en bonne santé 3,8,9

Lorsque l’on est atteint d’un déficit en alpha-1 antitrypsine, certaines habitudes alimentaires peuvent s’avérer nocives. C’est particulièrement vrai pour le foie, qui intervient dans les processus nutritionnels, notamment en stockant et répartissant les nutriments issus de la digestion. Une alimentation
déséquilibrée et inadaptée peut ainsi lui apporter un surcroît de travail et l’empêcher de fonctionner correctement.

L’alcool, à proscrire en cas de DAAT

La consommation excessive d’alcool est la première cause mondiale des maladies du foie. Chez certains individus qui cumulent d’autres facteurs de risque, notamment les personnes souffrant d’un DAAT, une consommation même occasionnelle d’alcool peut s’avérer problématique. C’est pourquoi la plupart des gastro-entérologues proscrivent toute consommation d’alcool ou recommandent une consommation extrêmement faible aux personnes atteintes d’un DAAT.

Le sucre, un ennemi du foie3,9

Les Français ingèrent en moyenne 100 grammes de sucres par jour alors que l’OMS en préconise 50 g pour un adulte, voire 25 g pour un contrôle de son poids. Une consommation bien trop élevée qui pose des problèmes de santé.

Pour préserver la santé de son foie, il convient donc d’éviter les sources concentrées de sucre, particulièrement de fructose. Ce dernier est fréquemment présent dans les produits industriels, sous forme de sirop : sodas, boissons sucrées, jus de fruits sans sucres ajoutées, biscuits, yaourts, plats préparés… En revanche, le fructose présent naturellement dans les fruits n’est pas dangereux, puisqu’il est en quantité adéquate, et accompagné de fibres et de vitamines.

Pour limiter sa consommation de sucre, il est donc recommandé de bien lire la liste des ingrédients afin de repérer leur présence dans les aliments. Is portent des noms variés : sucre, cassonade, sirop, dextrose, saccharose, maltose....

Les graisses saturées et acides gras trans à limiter 3,7

En cas de DAAT, mais aussi d’une manière générale, il est également conseillé de réduire sa consommation de graisses saturées et d’acides gras trans. Les principales sources de gras saturés sont les charcuteries, les viandes rouges, le beurre, et les produits laitiers riches en gras (comme le fromage, la crème, la crème glacée). On retrouve principalement les acides gras trans dans les produits alimentaires transformés : fast-food, viennoiseries, biscuits, pizzas, quiches, margarines, barres chocolatées et certains plats cuisinés.

Il est donc essentiel de bien analyser la composition des produits que l’on achète. Les mots “huiles partiellement hydrogénées” dans une liste d’ingrédients signifie que le produit contient des acides gras trans. Dans la mesure du possible, mieux vaut privilégier la cuisine maison pour éviter la présence d’additifs dans son alimentation.

Enfin d’autres mesures d’hygiène devront accompagner la mise en place d’un bon équilibre alimentaire; notamment la pratique d’exercice physique et l’arrêt du tabac.

SOURCES :

  1. M. Balduyck M, et al. Diagnosis of alpha-1 antitrypsin deficiency: modalities, indications and diagnosis strategy. Revue des Maladies Respiratoires. 2014; Volume 31, pages 729-745. Doi : 10.1016/j.rmr.2014.06.001
  2. J. Traclet, et al. Traitement substitutif de l’emphysème au cours du déficit en alpha-1 antritrypsine. Revue des Maladies Respiratoires. 2015; Volume 32, pages 435-446. Doi : 10.1016/j.rmr.2014.10.001
  3. AlphaNet, Inc. Putting the Dietary Guidelines to Work. Big Fat Reference Guide.
  4. C. Taillé. Rôle du poids sur la santé respiratoire. Revue des Maladies Respiratoires. 2008; Doi : RMR-09-2008-25-00-01761-8425-101019-200809041
  5. ANSES. Évaluation des risques liés à la pratique de régimes à visée amaigrissante. Rapport d’expertise collective. 2010.
  6. C. Anania, et al. Mediterranean diet and nonalcoholic fatty liver disease. World J Gastroenterol. 2018; Volume 24, pages 2083–2094. doi: 10.3748/wjg.v24.i19.2083
  7. France Assos Santé. Alimentation, activités physiques et insuffisance respiratoire. 2018.
  8. AlphaNet, Inc. Votre foie, votre alpha-1 et vous. Skinny Little Reference Guides. 2009; pages 2-19.
  9. A Ribeiro. Le fructose: un toxique comparable à l’alcool pour le foie de nos enfants. Cliniques Universitaires St Luc. 2018.