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Manifestations pulmonaires

Qu’est-ce que la maladie pulmonaire par déficit en AAT ?

La maladie pulmonaire par déficit en alpha-1 antitrypsine est une manifestation du déficit en alpha-1-antitrypsine (DAAT). Il s'agit de l'une des maladies génétiques héréditaires les plus fréquentes avec une prévalence de 1 sur 2000 au sein de la population européenne. 1

L’alpha-1 antitrypsine, une protéine indispensable aux poumons

Produite essentiellement par le foie, l’alpha-1 antitrypsine est une protéine qui joue un rôle crucial au niveau des poumons puisqu’elle maintient l’intégrité de leur paroi alvéolaire 2.
A l’état normal, les globules blancs présents dans les poumons produisent diverses molécules appelées “protéases”, dont notamment l’élastase neutrophile. La fonction de cette dernière est de protéger les poumons des germes (virus, bactéries...) ou des éléments toxiques volatils (fumée de tabac par exemple), en les détruisant et en digérant les tissus endommagés. L’alpha-1-antitrypsine agit comme une anti-protéase ; son rôle est de limiter l’activité de l’élastase des neutrophiles. En cas de déficit en alpha-1 antitrypsine, l’élastase des neutrophiles n'est pas inhibée et poursuit son travail sur le reste du tissu pulmonaire, jusqu'à provoquer des lésions.

L’emphysème, un risque pulmonaire en cas de DAAT

Un faible taux d’alpha-1-antitrypsine dans le sang, dû à une baisse de sa production par le foie 3, va donc, très souvent, favoriser la destruction de la paroi des alvéoles pulmonaires par les protéases.
Les premiers symptômes de l’atteinte pulmonaire apparaissent entre 20 et 30 ans et ils sont semblables à ceux d’une bronchopneumopathie asthmatiforme. Autrement dit, la personne est rapidement essoufflée, elle tousse en permanence et éprouve parfois des difficultés à respirer, comme si elle souffrait d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO ou bronchite chronique) ou d’un asthme 1.
En l’absence de traitement, l’atteinte pulmonaire évolue. Les alvéoles subsistantes se distendent, perdent leur structure élastique et deviennent incapables d’expulser l’air qu’elles contiennent, créant ainsi des sortes de bulles. De grosses alvéoles se forment alors à la place de millions de petites alvéoles élastiques. En conséquence, les surfaces d’échange entre l’air et le sang sont moins étendues et le corps reçoit trop peu d’oxygène. Vers 40-50 ans, surtout si elle est exposée à des facteurs de risque respiratoires, la personne peut alors développer un emphysème 1, l’une des cinq composantes de la BPCO 3.

On distingue plusieurs types d’emphysème, dont les deux plus fréquents sont 3 :

L’emphysème centrolobulaire

prédominant dans les parties supérieures des poumons. Il est généralement observé chez les fumeurs non malades.

L’emphysème panlobulaire

prédominant aux bases des poumons. Il est généralement observé chez les patients présentant un déficit en AAT. Ces derniers peuvent toutefois présenter des lésions sur toute la hauteur du poumon 4.

Plus le déficit en alpha-1 antitrypsine est important, plus le risque de développer un emphysème est élevé. Diverses anomalies génétiques peuvent entraîner un DAAT (les mutations S et Z sont les plus fréquentes), mais toutes n’ont pas la même incidence. Ainsi, les personnes les plus à risque sont celles qui présentent la double mutation génétique ZZ - il y en aurait plus de 10 000 en France 5.

Quels sont les facteurs d’aggravation majeurs ?

Principal facteur de risque d’emphysème, le tabagisme accélère de plusieurs années l’apparition de la maladie pulmonaire chez les personnes ayant un DAAT Le tabac agit à deux niveaux : il augmente la quantité d'élastase dans les alvéoles pulmonaires, et inactive les faibles quantités restantes d'antiprotéase. Les fumeurs ayant un DAAT peuvent ainsi développer un emphysème dès l’âge de 30 - 40 ans, contre 60 ans chez les personnes non atteintes 3.

Autres facteurs d’aggravation potentiels : les expositions professionnelles aux contaminants aériens (inhalation de poussières dans l’industrie du textile, du bois, la métallurgie, inhalation de fumée de diesel ou de produits de combustion, inhalation de vapeurs de métal) 6. Un certain nombre de données supportent également l’idée que les altérations fonctionnelles respiratoires observées au cours de la BPCO de l’adulte ont en partie leur origine pendant l’enfance, voire en période anténatale. 7

Découvrez les symptômes

  1. Marion Bouchecareilh. Le déficit en alpha-1-antitrypsine. Med Sci 2014. DOI: https://doi.org/10.1051/medsci/20143010016 https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2014/09/medsci20143010p889/medsci20143010p889.html#:~:text=Alpha%2D1%2Dantitrypsin%20deficiency&text=Ce%20d%C3%A9ficit%20repr%C3%A9sente%20la%20cause,'ordre%20de%201%2F2000.
  2. Balduyck M, et al. Diagnostic du déficit en alpha-1-antitrypsine : les moyens, les indications et la stratégie diagnostique. Revue des Maladies Respiratoires (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2014.01.007
  3. B. Egger J.-D. Aubert. Emphysème pulmonaire : mécanismes et nouvelles perspectives thérapeutiques. Rev Med Suisse 2005; volume 1. 30761 https://www.revmed.ch/RMS/2005/RMS-41/30761
  4. A. Cuvelier et al. Le déficit en alpha-1 antitrypsine. Revue des Maladies Respiratoires, Vol 24, N° ATS - octobre 2007, pp. 7-17. Doi : RMR-10-2007-24-ATS-0761-8425-101019-200600611 https://www.em-consulte.com/en/article/146622
  5. J.-F. Mornex et al. Atteinte pulmonaire du déficit en alpha-1-antitrypsine. Recommandations pratiques pour le diagnostic et la prise en charge. Revue des maladies respiratoires. Vol 39, Issue 7, Septembre 2022, p633-656.
  6. Annyce S. Mayer et al. Occupational Exposure Risks in Individuals with PI*Z a1-Antitrypsin Deficiency. Am J Respir Crit Care Med Vol 162. pp 553–558, 2000 https://www.atsjournals.org/doi/pdf/10.1164/ajrccm.162.2.9907117
  7. J. de Blic, A. Deschildre. Racines pédiatriques de la bronchopneumopathie chronique obstructive. Rev Mal Respir 2011. Doi : 10.1016/j.rmr.2010.10.029 https://www.em-consulte.com/rmr/article/283750

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